Le délai pour agir en cas de vice caché dans une maison est de deux ans à compter de la découverte du vice dans la limite de 20 ans après l’achat (c’est-à-dire à compter du jours de la vente du bien immobilier), avec un délai butoir de vingt ans à partir de la vente. Ce délai commence à courir non pas à la date de l’achat, mais au moment où l’acquéreur a une connaissance certaine du défaut. Passé ce délai, l’action en garantie des vices cachés devient irrecevable.
Découvrir un vice caché après l’achat d’une maison est une situation stressante. Entre l’inquiétude liée aux travaux à prévoir et l’incertitude juridique, une question se pose immédiatement : combien de temps ai-je pour agir ?
Le respect des délais légaux est crucial. Une action tardive, même fondée sur un vice grave et avéré, sera rejetée par les tribunaux. À l’inverse, une action menée dans les temps, correctement documentée, ouvre la voie à une indemnisation ou à l’annulation de la vente.
Cet article détaille les délais applicables en matière de vice caché maison, les règles de décompte, les moyens de preuve nécessaires, et les exceptions qui peuvent jouer en faveur de l’acquéreur.
Délai pour agir en cas de vice caché dans une maison
Quel est le délai légal pour un vice caché maison ?
Les 2 ans à compter de la découverte du vice dans la limite de 20 ans après l’achat (c’est-à-dire à compter du jours de la vente)
L’article 1648 du Code civil fixe le délai d’action en garantie des vices cachés : deux ans à compter de la découverte du vice.
Ce délai ne commence pas à courir à la signature de l’acte authentique, mais au moment où l’acquéreur a eu connaissance certaine du défaut. Cette distinction est essentielle.
Concrètement, si vous constatez une infiltration d’eau en mars 2024, vous avez jusqu’en mars 2026 pour engager une action en justice contre le vendeur. Le simple fait de remarquer une anomalie (une tache, une fissure) ne suffit pas toujours à faire courir le délai si vous ignorez encore sa gravité ou son origine.
La jurisprudence considère que la découverte du vice est établie lorsque l’acquéreur dispose d’éléments suffisants pour comprendre la nature, la gravité et l’origine du désordre. Parfois, cela nécessite une expertise pour confirmer l’existence du vice.
Différence entre délai de prescription et délai de garantie
Il est important de ne pas confondre deux notions :
Le délai de garantie : c’est la période pendant laquelle le vendeur est tenu de garantir l’acquéreur contre les vices cachés. Ce délai est de deux ans à compter de la découverte du vice.
Le délai butoir de vingt ans : au-delà de vingt ans après la vente, aucune action en garantie des vices cachés n’est plus recevable, même si le vice se révèle tardivement. Ce délai absolu protège le vendeur contre des réclamations indéfinies dans le temps.
En résumé : vous disposez de deux ans pour agir après avoir découvert le vice, mais en tout état de cause, cette action doit être exercée dans les vingt ans suivant la vente.
Comment prouver la date de découverte du vice ?
Importance de l’expertise
La date de découverte du vice est un élément central du dossier. C’est elle qui détermine si l’action est recevable ou si le délai de prescription est dépassé.
Le vendeur peut contester cette date en affirmant que l’acquéreur avait connaissance du vice bien avant. Il appartient alors à l’acheteur de prouver la date de découverte.
Pour établir cette preuve, plusieurs éléments peuvent être mobilisés :
- Photographies datées des désordres constatés
- Devis ou rapports établis par des artisans ou des experts
- Échanges écrits (emails, SMS, courriers) mentionnant les problèmes rencontrés
- Constat d’huissier établi dès l’apparition du défaut
- Rapport d’expertise amiable ou judiciaire confirmant l’existence et la gravité du vice
L’expertise technique joue un rôle déterminant. Elle permet non seulement de caractériser le vice, mais aussi de démontrer son antériorité à la vente et de fixer un point de départ solide pour le délai de deux ans.
Il est vivement recommandé de consulter rapidement un avocat spécialisé en droit immobilier dès la découverte d’un désordre suspect. Cette démarche permet de sécuriser la chronologie du dossier et d’éviter toute contestation ultérieure sur le respect des délais.
Risques liés au délai de prescription
Le dépassement du délai entraîne l’irrecevabilité de l’action. Contrairement à un délai de forclusion, le délai de prescription de l’article 1648 du Code civil peut être interrompu ou suspendu. Par exemple, une assignation en référé-expertise interrompt le délai, qui recommence à courir à compter du dépôt du rapport d’expertise.
Si vous dépassez le délai de deux ans après la découverte du vice sans l’avoir interrompu ou suspendu, votre action sera déclarée irrecevable, même si le vice est avéré, grave, et que le vendeur était de mauvaise foi. Le juge n’examinera même pas le fond du dossier.
C’est pourquoi il est impératif d’agir rapidement. Dès l’apparition d’un désordre, il faut :
- Documenter immédiatement (photos, constats, échanges écrits)
- Consulter un avocat pour encadrer la démarche
- Faire réaliser une expertise amiable ou judiciaire
- Adresser une mise en demeure au vendeur sans tarder
- Engager l’action judiciaire avant l’expiration du délai
L’inaction ou la négligence à ce stade peut compromettre définitivement vos droits.
Exceptions et prolongations de délai
Mauvaise foi du vendeur
Lorsque le vendeur a délibérément dissimulé le vice, cela n’assouplit pas directement les délais d’action en garantie des vices cachés, mais produit des conséquences juridiques importantes.
La mauvaise foi du vendeur se caractérise par :
- La connaissance certaine du vice au moment de la vente
- Des manœuvres destinées à masquer le défaut (rafraîchissement récent, faux plafond, masquage de fissures…)
- Des déclarations mensongères ou des omissions volontaires dans l’acte de vente
Dans ce cas, le vendeur de mauvaise foi est tenu, outre la restitution du prix, de tous les dommages et intérêts envers l’acheteur selon l’article 1645 du Code civil. De plus, toute clause d’exonération ou limitative de garantie des vices cachés devient inopposable à l’acquéreur si le vendeur avait connaissance du vice au moment de la vente.
La mauvaise foi du vendeur entraîne également des conséquences financières importantes. En plus de l’annulation de la vente ou de la réduction du prix, l’acquéreur peut solliciter des dommages et intérêts pour réparer le préjudice subi (troubles de jouissance, frais de relogement, perte de valeur du bien…).
Si le vendeur est un professionnel ou assimilé à tel, il est présumé connaître les vices de la chose vendue. Cette présomption est souvent irréfragable et le prive systématiquement du bénéfice de toute clause limitative ou exclusive de garantie des vices cachés.
Jurisprudences favorables aux acheteurs
La jurisprudence a progressivement affiné l’interprétation du délai de découverte du vice, en tenant compte de la réalité des situations rencontrées par les acquéreurs.
Plusieurs décisions ont retenu que le délai ne court pas tant que l’acquéreur n’a pas eu connaissance précise de la gravité et de l’origine du vice. Ainsi, la simple constatation d’une anomalie (tache d’humidité, fissure légère) ne suffit pas à faire courir le délai si l’acquéreur ignore encore qu’il s’agit d’un vice caché grave.
Par exemple :
Une infiltration d’eau apparaît en période de forte pluie, mais l’acquéreur pense d’abord à un problème ponctuel. Ce n’est que plusieurs mois plus tard, après expertise, qu’il découvre une défaillance structurelle de la toiture. Le délai commence à courir à partir de cette expertise, et non à la première infiltration.
Des fissures apparaissent progressivement. L’acquéreur fait intervenir un expert qui conclut d’abord à un simple tassement. Six mois plus tard, une seconde expertise révèle un vice de construction des fondations. Le point de départ du délai est la seconde expertise.
Ces solutions jurisprudentielles protègent l’acquéreur de bonne foi, qui n’a pas les compétences techniques pour diagnostiquer immédiatement la gravité d’un désordre.
Toutefois, elles imposent également à l’acquéreur de faire preuve de diligence. Si vous constatez un problème, vous devez rapidement solliciter une expertise pour en déterminer la nature. Une inaction prolongée peut être retenue contre vous.
Que faire si le délai est dépassé ?
Si le délai de deux ans est écoulé, l’action en garantie des vices cachés est en principe irrecevable. Mais plusieurs voies de recours peuvent encore être envisagées selon les circonstances.
Vérifier si la mauvaise foi du vendeur peut être démontrée
Comme évoqué précédemment, la mauvaise foi du vendeur entraîne des conséquences importantes sur sa responsabilité et neutralise les clauses d’exonération. Cependant, elle ne modifie pas les délais d’action en garantie des vices cachés.
Cette démonstration nécessite des preuves solides : témoignages, documents établissant que le vendeur connaissait le vice, traces de travaux de dissimulation, etc.
Explorer d’autres fondements juridiques
Au-delà de la garantie des vices cachés, d’autres actions peuvent être envisagées :
La responsabilité contractuelle de droit commun : si le vendeur a commis une faute (déclarations mensongères, manquement à son obligation de délivrance conforme), une action sur le fondement de la responsabilité contractuelle peut être intentée. Le délai de prescription est alors de cinq ans. Toutefois, la jurisprudence tend à cantonner l’action en cas de vice à la garantie des vices cachés lorsque les conditions de cette dernière sont réunies.
La garantie décennale : si le vice affecte la solidité de l’ouvrage ou le rend impropre à sa destination, et que le bien a été construit ou rénové par un professionnel il y a moins de dix ans, la garantie décennale peut s’appliquer. Cette garantie protège l’acquéreur pendant dix ans à compter de la réception des travaux.
Le dol : si le vendeur a intentionnellement trompé l’acquéreur sur l’état du bien, une action en nullité de la vente pour dol peut être engagée dans un délai de cinq ans à compter de la découverte du dol. La Cour de cassation admet la compatibilité de l’action en dol avec l’action en garantie des vices cachés.
Ces actions alternatives nécessitent une analyse juridique précise et doivent être examinées au cas par cas avec un avocat.
Négocier une solution amiable malgré le délai dépassé
Même si le délai est théoriquement écoulé, une négociation amiable reste toujours possible. Certains vendeurs, soucieux de préserver leur réputation ou d’éviter un contentieux long et coûteux, acceptent de participer financièrement aux travaux ou de trouver un arrangement.
La rédaction d’une mise en demeure circonstanciée, accompagnée d’un rapport d’expertise et d’une estimation chiffrée des travaux, peut suffire à engager une discussion constructive.
Pourquoi se faire accompagner par un avocat spécialisé ?
Le respect des délais en matière de vice caché est une question technique qui nécessite une expertise juridique pointue. Une erreur d’appréciation sur la date de découverte du vice, un retard dans la mise en œuvre de l’action, ou une mauvaise qualification du défaut peuvent anéantir vos chances d’obtenir réparation.
Un avocat spécialisé en droit immobilier intervient à plusieurs niveaux :
- Analyse de la situation : qualification juridique du vice, vérification de la recevabilité de l’action au regard des délais
- Sécurisation de la preuve : organisation de l’expertise, conservation des éléments de preuve, rédaction des constats
- Mise en demeure : rédaction d’une mise en demeure formelle et circonstanciée pour ouvrir la phase amiable
- Négociation : recherche d’une solution amiable avec le vendeur ou son assureur
- Action judiciaire : introduction de la procédure, suivi de l’expertise judiciaire, plaidoiries et défense du dossier jusqu’au jugement
Le cabinet Martin PEYRONNET, avocat en droit immobilier à Bordeaux, accompagne les acquéreurs confrontés à la découverte d’un vice caché, en phase amiable comme judiciaire. Nous intervenons à Bordeaux, sur le Bassin d’Arcachon, et dans toute la France, grâce aux consultations en visioconférence et à la dématérialisation des procédures.
Que retenir sur les délais en matière de vice caché maison ?
En conclusion, le respect des délais est un impératif absolu en matière de vice caché. L’action doit être engagée dans les deux ans suivant la découverte du vice, avec un délai butoir de vingt ans après la vente.
La date de découverte du vice doit être soigneusement documentée pour éviter toute contestation. L’expertise joue un rôle central dans cette démonstration.
En cas de mauvaise foi du vendeur, des conséquences importantes s’appliquent sur sa responsabilité et sur l’opposabilité des clauses d’exonération, mais les délais d’action restent les mêmes.
Si le délai est dépassé, d’autres voies de recours peuvent être explorées, mais elles restent complexes et incertaines. Mieux vaut donc agir rapidement dès l’apparition du moindre désordre suspect.
Le cabinet Martin PEYRONNET, avocat en droit immobilier à Bordeaux, se tient à votre disposition pour vous assister dans tous les litiges liés aux vices cachés et vous accompagner dans le respect des délais légaux.
Vos questions sur les délais en matière de vice caché maison
Puis-je agir plus de 2 ans après l’achat si je découvre le vice tardivement ?
Oui, le délai de deux ans ne court qu’à partir de la découverte du vice, et non de la date d’achat. Vous pouvez donc agir plusieurs années après l’achat, à condition de respecter le délai butoir de vingt ans.
Que se passe-t-il si je dépasse le délai de 2 ans ?
Votre action sera déclarée irrecevable, sauf si vous parvenez à démontrer que le délai a été interrompu ou suspendu, ou si vous pouvez invoquer un autre fondement juridique (responsabilité contractuelle, garantie décennale, dol).
Comment prouver la date de découverte du vice ?
Par tous moyens : photographies datées, devis, rapports d’expertise, échanges écrits, constats d’huissier. L’expertise amiable ou judiciaire est le moyen le plus fiable.
La clause d’exclusion de garantie supprime-t-elle le délai de 2 ans ?
Non, si la garantie des vices cachés s’applique (vendeur de mauvaise foi ou vendeur professionnel), le délai de deux ans reste en vigueur et la clause d’exclusion de garantie devient inopposable.
Références juridiques
Article 1648 • https://www.legifrance.gouv.fr/codes/article_lc/LEGIARTI000020466328
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Cour de cassation, premiere chambre civile, 28 février 2024, 22-19.921, non publié • https://www.courdecassation.fr/decision/65dedaeb7f398b00089bf816
Cour d’appel de Versailles, chambre civile 1-3, 12 septembre 2024, 23/02036 • https://www.courdecassation.fr/decision/66e3d69e7541e17dc8380b3a
Cour d’appel de Paris, pôle 4 – chambre 1, 14 novembre 2025, 24/17661 • https://www.courdecassation.fr/decision/691ae11f5222181ceeb6c03a
Article 2232 • https://www.legifrance.gouv.fr/codes/article_lc/LEGIARTI000033033506
Cour de cassation, chambre mixte, 21 juillet 2023, 21-19.936, publié au bulletin, publié au rapport • https://www.courdecassation.fr/decision/64ba2216354f98d9699d5031
Cour de cassation, chambre mixte, 21 juillet 2023, 21-17.789, publié au bulletin, publié au rapport • https://www.courdecassation.fr/decision/64ba2214354f98d9699d502f
Cour d’appel de Rouen, chambre de la proximité, 6 mars 2025, 24/01435 • https://www.courdecassation.fr/decision/67cbde5fe543846c04847e45
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Cour de cassation, troisieme chambre civile, 13 novembre 2025, 23-18.899, non publié • https://www.courdecassation.fr/decision/6915961f5cc9fa7cae5a907d
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Cour de cassation, troisieme chambre civile, 30 janvier 2020, 18-26.790, non publié • https://www.courdecassation.fr/decision/5fca5cc92eee9739cc966f1d
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Article 1792 • https://www.legifrance.gouv.fr/codes/article_lc/LEGIARTI000006443502
Article 1130 • https://www.legifrance.gouv.fr/codes/article_lc/LEGIARTI000032040901
Cour de cassation, troisieme chambre civile, 23 septembre 2020, 19-18.104, publié au bulletin, communiqué • https://www.courdecassation.fr/decision/5fca33d50c7b4623bd8b0b2a
Dernière mise à jour le 2 décembre 2025 par evicoadmin

