La réception des travaux dans un Contrat de Construction de Maison Individuelle (CCMI) marque la fin des travaux et le transfert des responsabilités du constructeur au maître d’ouvrage. C’est à ce moment que commencent les garanties légales et que des aspects financiers importants, comme le paiement du solde restant dû, sont réglés.
Il est important de bien comprendre ce qu’implique la réception de l’ouvrage, notamment les différences entre une réception avec ou sans réserves, les délais pour lever ces réserves et les conséquences de la signature du procès-verbal de réception.
I. En quoi consiste la réception des travaux dans un CCMI ?
La réception des travaux dans un Contrat de Construction de Maison Individuelle (CCMI) est un acte juridique essentiel qui marque la fin des travaux. Elle formalise l’achèvement des travaux et transfère la responsabilité des risques du constructeur au maître d’ouvrage. Avant cette étape, le constructeur est responsable de tout dommage ou malfaçon pouvant survenir. Après la réception, le maître d’ouvrage assume les risques liés à l’usage de la maison.
Cette étape permet également le déclenchement des garanties légales. En effet, la réception des travaux constitue le point de départ des garanties légales:
- la garantie de parfait achèvement qui couvre la réparation des malfaçons pendant un an.
- la garantie biennale pour les équipements dissociables pendant 2 ans.
- la garantie décennale qui protège contre les vices affectant la structure pendant 10 ans.
Plus généralement, la réception des travaux peut se faire de manière expresse ou tacite.
Une réception expresse se fait par un acte formel, avec la rédaction d’un procès-verbal (PV) qui mentionne l’acceptation des travaux, ou les défauts à corriger si des réserves sont émises. Ce PV est très important, car il sert de preuve en cas de litige.
La réception tacite, quant à elle, se produit lorsque le maître d’ouvrage accepte silencieusement les travaux, par exemple en eménageant dans la maison sans émettre de réserves. Bien que la réception tacite soit valable, elle comporte des risques, notamment en cas de défauts non identifiés à temps.
Toutefois, dans le cadre d’un CCMI, la réception s’effectue, dans la quasi totalité des cas, de manière expresse, au moyen d’un procès-verbal signé par les parties.
Ainsi, la réception des travaux dans un CCMI n’est pas qu’une simple formalité. Elle permet le transfert de la responsabilité du constructeur au maître d’ouvrage et donne le coup d’envoi des garanties légales, tout en clôturant le volet financier de la construction.
II. La réception avec ou sans réserves dans un CCMI
À l’achèvement du chantier, constructeur et maître d’ouvrage procèdent ensemble à la réception des travaux. Cet acte entraîne le transfert de responsabilité du constructeur vers le maître d’ouvrage, et conditionne le versement du solde du prix.
La réception des travaux peut se faire avec ou sans réserves, et cela a des conséquences importantes.
L’article L. 231-8 du Code de la construction et de l’habitation encadre précisément cette étape et distingue deux situations, selon que le maître d’ouvrage est assisté ou non lors de la réception :
Si le maître d’ouvrage est assisté par un professionnel du bâtiment (architecte, expert, etc.), la réception est réputée pleinement contradictoire. Dans ce cas, le solde du prix devient exigible immédiatement après la réception, à condition qu’aucune réserve n’ait été formulée. Si des défauts ou malfaçons sont constatés et inscrits dans le procès-verbal, le paiement du solde est suspendu jusqu’à la levée complète des réserves.
Si le maître d’ouvrage est seul, la loi lui accorde une protection supplémentaire : il dispose d’un délai de huit jours après la réception pour notifier par écrit d’éventuelles réserves. Ce délai court à partir de la remise des clés. À défaut de réserve dans ce laps de temps, la réception est réputée sans réserve, et le solde du prix devient alors exigible à l’issue de ce délai. En revanche, si des réserves sont émises dans le délai imparti, le paiement est différé jusqu’à leur levée effective.
Dans tous les cas où des réserves sont émises, l’article R.231-7 du CCH permet au maître d’ouvrage de consigner une retenue de garantie d’un montant équivalent à 5 % du prix du marché total. Cette somme n’est pas versée entre les mains du constructeur, mais bloquée sur un compte dédié ou auprès d’un consignataire. La retenue ne peut être levée qu’à la levée de ces réserves. Elle constitue une pression financière sur le constructeur pour garantir l’achèvement complet des travaux conformément aux attentes du maître d’ouvrage.
Ainsi, la présence ou l’absence de réserves conditionne non seulement le versement du solde, mais aussi la mobilisation des garanties légales.
III. Le délai pour lever les réserves
Lors de la réception, le maître d’ouvrage peut émettre des réserves, c’est-à-dire l’ensemble des désordres ou malfaçons mentionnés dans le procès-verbal de réception. Le constructeur est tenu de lever ces réserves dans un délai raisonnable. La loi ne fixe aucun délai précis, sauf si le contrat en prévoit un (par exemple, 30 jours). En l’absence de disposition contractuelle, le délai raisonnable dépendra de la nature des travaux à reprendre et des circonstances du chantier.
Le maître d’ouvrage doit suivre l’avancement des reprises et vérifier que les réserves sont levées dans les délais. En cas de retard, il doit relancer l’entreprise, et le cas échéant, faire appel à un expert ou à un commissaire de justice pour constater l’état des travaux.
Si la situation persiste, il peut également saisir le tribunal compétent pour contraindre le constructeur à accomplir à lever les réserves.
La levée des réserves relève de la garantie de parfait achèvement (GPA), prévue à l’article 1792-6 du Code civil. Cette garantie impose au constructeur de réparer, dans l’année suivant la réception, non seulement les réserves formulées au moment de la réception, mais aussi les désordres apparus postérieurement. Ces réserves et désordres doivent être traités dans le délai d’un an.
Passé ce délai d’un an, la GPA n’est plus valable et seul deux autres garanties peuvent s’appliquer :- La garantie biennale, valable pendant deux ans à compter de la réception, couvre les éléments d’équipement dissociables de l’ouvrage, c’est-à-dire ceux qui peuvent être enlevés ou remplacés sans détériorer la structure du bâtiment (ex. : chauffe-eau, volets, robinetterie, etc.).
- La garantie décennale, valable pendant dix ans à compter de la réception, s’applique aux désordres graves qui compromettent la solidité de l’ouvrage ou le rendent impropre à sa destination (par exemple : affaissement, fissures structurelles, infiltrations majeures, etc.). Toutefois, elle ne couvre que les désordres non apparents au jour de la réception. Lorsque des désordres ont fait l’objet de réserves, ils ne peuvent relever de la garantie décennale tant que ces réserves n’ont pas été levées ; le constructeur reste alors tenu d’y remédier au titre de ses obligations contractuelles.
IV. Les conséquences de la signature du procès verbal de réception dans un CCMI
La signature du procès-verbal de réception marque des effets importants. Elle transfère la responsabilité du constructeur au maître d’ouvrage, qui assume désormais les risques, sauf en cas de malfaçons graves couvertes par les garanties légales.
Elle déclenche également le début des garanties légales : la garantie de parfait achèvement, la garantie biennale et la garantie décennale. Ces garanties protègent le maître d’ouvrage contre les défauts de construction, mais elles sont limitées dans le temps.
La signature du PV de réception permet également de débloquer le solde restant, y compris les 5 % de retenue, qui seront payés une fois les réserves levées.
Si des malfaçons apparaissent après la réception, le maître d’ouvrage peut faire appel aux garanties légales pour obtenir des réparations. En cas de refus du constructeur, il pourra saisir le tribunal.
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Dernière mise à jour le 22 juin 2025 par Martin Peyronnet